09 mars 2020
Ombre élastique au petit matin
Mon ombre ne rassure que moi
On dit que ceux qui errent sans elle ne savent qu’ainsi leur infortune de spectres chagrinés et perplexes
et je vois bien la mienne hésiter entre chien et loup sur les pavés de vieilles villes aux tramways hantés
sans comprendre pourquoi elle aussi voudrait s’étirer comme un élastique et claquer d’un coup sec
tel l'adieu impatient et sans regrets des femmes qui n'aiment plus
(Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éditions Orage-Lagune-Express.)
Image : rails du tramway à Lisbonne (photo Christian Cottet-Emard)
02:43 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estime-toi heureux, poésie, extrait de poème, récit, tramway, rail, ombre, élastique, retour, petit matin, entre chien et loup, littérature, christian cottet-emard, © éditions orage lagune express, droits réservés, spectre, ville, pavés, adieu, blog littéraire de christian cottet-emard, sombre, lisbonne, portugal, europe
14 décembre 2019
Au bar de l'hôtel
Photo © MCC, 2018
Un cognac en fin d’après-midi n’était pas une bonne idée. Mhorn en prit deux au bar de l’hôtel après le départ du Bernois mais n’obtint pas l’effet escompté. L’observation furtive de la jeune fille chez Andrade avait réveillé une vieille amertume à laquelle il était furieux de céder. La jeune fille ressemblait-elle seulement à Mariana ? Malgré une différence d’âge d’une bonne quinzaine d’années avec lui et le Bernois, Mariana était peut-être méconnaissable aujourd’hui. Si Mhorn avait trouvé une ressemblance, c’était tout simplement parce qu’il cherchait le visage de Mariana dans celui de toutes les autres femmes qui pouvaient le troubler. Était-ce la commissure des lèvres, un froncement de sourcils, un clignement de paupières ou bien ce léger sourire de pure civilité que les hommes sont souvent un peu trop prompts à interpréter comme un indice de douceur, de bienveillance ou d’empathie ?
Mhorn s’en voulait de ressasser ainsi. Encore une journée fichue, pensa-t-il en trempant un sucre dans le fond de son verre. Le Bernois avait quitté la bibliothèque d’Andrade muni de vieux dictionnaires destinés aux étagères de son magasin à Berne et Mhorn n’avait pas pu convaincre Andrade de baisser le prix d’une marine de la fin du dix-neuvième siècle qui intéressait un de ses clients. Tout ce qui lui restait de cette entrevue se limitait à cette histoire fumeuse de diamant à retrouver Dieu sait où et à négocier avec Dieu sait qui pour en partager de bien illusoires profits. Si je n’avais pas quitté la marine marchande pour trafiquer des vieilleries, je n’aurais plus que quelques années à tirer avant la retraite, se reprocha-t-il, mais j’aurais peut-être fait naufrage ! plaisanta-t-il en lui-même ainsi qu’il en avait l’habitude pour lutter contre ce qu’il considérait avec mépris comme des états d’âme. Le naufrage s’était pourtant produit, non pas dans l’océan mais dans la vie. La glace derrière le comptoir mal éclairé renvoyait de Preben Mhorn le reflet d’un homme dont les yeux ne pouvaient désormais briller que dans une colère froide ou, parfois, à la vue d’une liasse de billets de banque.
(Chantier en cours)
© Club L A C, éditions Orage-Lagune-Express 2019 et l'auteur. Manuscrit déposé en étude notariale comme tous les extraits de fictions inédites publiés sur ce blog.
00:17 Publié dans Atelier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian cottet-emard, preben mhorn, littérature, roman, atelier, chantier en cours, joachim vaz de andrade, nouvelle, novella, marius le bernois, mariana, manuscrit déposé, étude notariale, droits réservés, club lac, éditions orage-lagune-express, club littéraire des amateurs de cigares, blog littéraire de christian cottet-emard, oyonnax, ain, rhône-alpes auvergne, france, europe
16 novembre 2019
Portrait au pont Dom-Luís
Je dors d’un œil
Je vote en me bouchant le nez
Je me méfie des poètes
Je doute des amoureux
Je flotte dans les fêtes de rue
Je croise une ombre
Je tourne dans la nuit
Mes rêves m’essoufflent
Je fais des vœux sous la pluie d’étoiles filantes
Je rajoute du sucre
© Éditions Orage-Lagune-Express 2015, droits réservés
00:03 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian cottet-emard, court, texte bref, blog littéraire de christian cottet-emard, ©éditions orage-lagune-express, droits réservés, nuit, littérature, poésie, œil, nez, poètes, amoureux, quai, rue, ombre, rêves, étoiles filantes, vœux, sucre, promenade nocturne, porto, portugal, douro, fleuve, photo, portrait, pont dom luis